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Le texte du corps, le corps du texte
Posted on 5 June, 2014 at 17:36 |
La
lecture toute récente du livre de Laurence Tardieu, L’écriture et la vie, (Editions Des Busclats, 2013) ainsi que la
magie du lieu où je me trouve pour ma « mini-retraite » mensuelle –
la Maison des Anges : à découvrir de toute urgence ! – m’encouragent
à me pencher sur deux compagnons de route indispensables depuis 2008 : mon
corps et l’écriture. La
relation que j’entretiens à mon corps a toujours été ambiguë. D’une part, je lui
porte une certaine attention par un minimum d’exercice physique, des soins
réguliers et un choix vestimentaire susceptible de le mettre discrètement en
valeur. De l’autre, pourtant, je n’ai jamais été tendre avec lui et porte
parfois encore aujourd’hui un regard jugeant et critique sur mon enveloppe
charnelle. Mon
manque de bienveillance vis-à-vis de ce que St François d’Assise appelait son
« frère âne » – à qui le saint homme demande d’ailleurs pardon à la
fin de sa vie pour l’avoir tant maltraité – m’a sans aucun doute conduit à
l’épuisement : non content de concilier une vie professionnelle trépidante
et une vie privée « normale » (marié, deux enfants…et tout ce qui va
avec), je m’astreignais à 3-4 heures hebdomadaires de fitness…le matin entre 7h
et 8h. Pure folie, quand j’y repense aujourd’hui. Un choix qui, à l’époque, me
semblait pourtant logique et censé, ancien sportif de compétition que j’étais.
Ou plutôt que je m’illusionnais d’être encore. Ainsi
ignoré et violenté, mon corps a implosé : mon système nerveux a tout
simplement mis un terme à ma course effrénée. Et ne m’a ensuite plus lâché :
vertiges, jambes et bras insensibles, tachycardies, maux de ventre inexpliqués
(Les médecins consultés me disaient tous : « Vous allez très bien,
Monsieur Mack, vous êtes juste malade ») sans parler des crises de calcul
rénaux et biliaires ainsi que des mots de dos omniprésents. Même si
aujourd’hui, plus de six ans après mon burn-out, les symptômes neurologiques
et/ou psychosomatiques ont soit disparus ou sont moins insistants, mon corps
reste un précieux allié. Notre
corps nous parle en effet sans arrêt. Il nous renvoie une vérité, notre vérité.
Et, plus nous nous mentons et plus nous faisons la « sourde
oreille », plus il se fait entendre. Jusqu’au jour où, de guerre lasse, il
prend le dessus et nous sommes de nous arrêter. En utilisant un langage parfois
définitif. En
ce qui me concerne, le choc et le traumatisme suite à mon burn-out ont été si
importants que, dans les premiers temps du moins, je frisais
l’hypocondrie : à chaque début de douleur, j’angoissais et craignais la
rechute. Si cette peur s’est aujourd’hui apaisée, je consulte très souvent Le grand dictionnaire des malaises et des
maladies de Jacques Martel afin, d’une part, de faire des hypothèses
sur les origines des douleurs qui m’empêchent de vivre sereinement et, d’autre
part, introduire les modifications nécessaires dans ma vie – changements de
comportements ou d’attitudes, voire de situations – et réguler ce qui est en
mon pouvoir. Mon corps est donc un coach de vie au quotidien : il est un
miroir de mes états d’âme et, de par son langage indirect nécessitant un
décodage, il m’oblige à me questionner sans cesse sur mes choix, à rester à son
écoute avec bienveillance et patience. Sans pourtant tomber dans la
crispation : un rhume n’est parfois…qu’un simple rhume. L’écriture me libère et me pacifie, me réconcilie avec mes
blessures. Car elle me permet d’en prendre soin. Quand
je pose ma plume sur les pages vierges de mon carnet ou mes doigts sur le
clavier de mon ordinateur, je suis dans une autre dimension :
l’espace-temps habituel s’efface pour laisser place à un monde où tout me
semble possible, où je me sens libre, sans entraves. À la fois dans une grande
verticalité, relié à moi-même, et une horizontalité ouverte, reliée aux autres
et au monde qui m’entoure. Où je parle de moi, de mon vécu, des mes émotions,
de mes erreurs, de ma vulnérabilité, des mes apprentissages, des beautés et des
horreurs, des états de grâce et des petits enfers en moi et à l’extérieur de
moi. Sans pour autant, je l’espère du fond du cœur, tomber dans
l’auto-contemplation narcissique : chaque mot, chaque phrase aimerait être
à la fois porteuse de vérité – non pas LA vérité mais ma vérité du moment,
amenée à se déplacer – et porteuse de sens pour la ou les personnes qui me
lisent. Car, en parlant de moi, je mets des mots sur les maux des autres. Le
corps comme l’écriture nous font sentir vivants. Or vivre est une prise de
risques permanente. L’écoute de notre corps et le pari de l’écriture ne sont
donc pas sans dangers. Mus par leur amour de la vérité, ils nous invitent tous
deux à mettre le doigt « là ou ça fait mal » – au propre comme au figuré.
Et, de plus, le langage corporel et écrit, si on en a le courage, nous initient
à une quête sans fin : celle du sens de la vie et de notre vie. Une
recherche dont l’amour ne devrait pas être absent. Que seraient en effet le
texte du corps – ce langage d’autant plus complexe à déchiffrer qu’on a peur de
le comprendre – et le corps du texte sans bienveillance et non
jugement ? N’oublions pas que nous
sommes souvent nos propres ennemis et que tout outil dépend de l’intention que
nous mettons dans son utilisation. Et que, sans amour, tant le corps et
l’écriture peuvent se retourner contre nous. Toutes les photographies utilisées pour illustrer ce texte sont de Anne Deniau et tirées de la page internet http://lemotetlachose.blog.lemonde.fr/2013/08/21/a-la-rencontre-danne-deniau-image-mover/ |
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