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Être dans la joie de vie.

Posted on 22 January, 2016 at 10:54
« Partout où il y a de la joie, il y a création. » (Henri Bergson)
 
« Faire corps avec la vie, c'est participer à son pouvoir de création. Qui se sert de nous mais ne fait pas de nous une fin. » (Georges Haldas)
 
« La joie, c’est la paix en mouvement ; la paix, c’est la joie immobile » (Yvan Amar)
 
22 janvier 2013 – 22 janvier 2016 : Mackoaching et le site www.mackoaching.net fêtent leur troisième anniversaire.
 
Confortablement assis à mon bureau dans ma chambre de l’Hôtel de Ville de Rossinière, je ressens le besoin de me prêter au jeu du bilan, certes intermédiaire – j’espère du fond du cœur que l’aventure va continuer – mais nécessaire : ma pratique me montre presque tous les jours que, pour définir la direction dans laquelle chacun aimerait inscrire la suite de son itinéraire, un retour sur le chemin parcouru s’avère pertinent et porteur de sens.

Je pourrais m’arrêter aux statistiques, plutôt encourageantes, et me satisfaire de ces données quantifiables, « excel-fiables », fiables tout court, particulièrement aux yeux de ceux qui se contentent des résultats vérifiables et évaluables : alors que, au départ du projet, je m’étais fixé comme objectif concret d’accompagner une moyenne de 3 personnes en parallèle par mois et de ne pas dépasser un temps de travail de 20%, je ne peux qu’être satisfait et, plus encore, fier du résultat qui dépasse largement mes attentes les plus folles.

Mais cela serait oublier quels sont les réels besoins que mon activité d’accompagnement (qui englobe la gestion du site ainsi que l’administration de l’entreprise) est censée couvrir.

Il me paraît en effet bon de revenir à la « carte des phases du projet » (inspirée de l’ouvrage de Thierry Des Lauriers, Manager un projet) que j’avais réalisée avant même de me lancer. Voici ce que j’avais noté en octobre 2012 déjà :
 
"Mes besoins sont plus d’ordre personnel, philosophique et identitaire que matériel : je n’ai pas besoin de ce projet pour « tourner » financièrement, mais essentiellement pour VIVRE, pour me sentir exister, pour nourrir mon âme. Je ne me vois en effet pas finir ma vie professionnelle uniquement dans le cadre actuel (HEP, école vaudoise) et aimerais tenter ma chance ailleurs et autrement. Je ressens également le besoin de rester un « solitaire solidaire » et de garder une marge de manœuvre importante vis-à-vis de celui/ceux qui me payent."
 
Je reconnais bien là les valeurs de liberté, d’autonomie, d’indépendance et de créativité qui caractérisent mon identité interne et qui représentent le noyau dur même de mon identité professionnelle ainsi que mes motivations premières dans mon activité de coach.

Il n’est en effet pas usurpé de dire que, si j’ai créé Mackoaching, c’est principalement pour me ressourcer, autrement dit pour me permettre de nourrir et de rester en lien avec ce qui de plus profond en moi, ma Source. Autrement dit, de me relier. Un lien essentiel à qui je suis, certes, mais pas seulement : cette « relation » ne se fait pas sans « reliance », sans l’indispensable et essentielle relation aux autres et au monde.  
 
Et, après trois années de co-pèlerinages, d’odyssées humaines accompagnées et d’aventures essentielles suivies de plus ou moins près, je peux dire aujourd’hui que je suis resté en lien à ces premiers besoins…et que je compte bien le rester pour la suite du chemin. Car, en plus de la satisfaction et de la fierté, ce que je ressens aujourd’hui est bien plus profond : j’éprouve de la joie.
 
Ce n’est certainement pas un hasard que, en cette période de bilan, j’ai fait la « rencontre » d’un livre sur lequel je suis « tombé » nez-à-nez, en passant pour la millième fois devant la vitrine du kiosque sous-gare à Lausanne : La puissance de la joie de Frédéric Lenoir. Sa lecture m’a en effet éclairé sur les multiples raisons qui font que je ressens cette émotion aujourd’hui et, comme le besoin qui se cache derrière la joie relève du partage, je ne peux m’empêcher de livrer quelques conclusions au lecteur.
 


Il y a d’abord la joie d’avoir le privilège, lors des accompagnements, d’être tout entier présent et attentif à l’autre et à moi-même, aux esprits et à leurs réflexions, aux cœurs et à leurs émotions ainsi qu’aux corps et à leurs sensations.  Quand j’accompagne, je raisonne et je résonne, je pense, je panse, je vibre…et je me tais, respectant le silence tant extérieur qu’intérieur, le mien et celui de l’autre. Bref : je suis et je vis qui je suis, à la fois dans l’ici et le maintenant et hors du temps, dans une bulle de permissions, un espace de subversion, une dimension « extra-ordinaire ». Une sorte de méditation à deux.
 
La joie vient également des valeurs qui sous-tendent les séances de coaching : la bienveillance, le non-jugement, la confiance – des attitudes qui sont à la base de l’alliance nécessaire entre l’accompagné et l’accompagnant et qui représentent également les fondements de la finalité de tout accompagnement : permettre à l’autre de grandir, de s’élever, de se déployer, de se réaliser.
 
Et quelle joie de voir la même personne qui était venue insatisfaite, voire prostrée, éteinte, parfois en larmes lors de la première séance, repartir, après x séances, rayonnante, confiante, avec une vision beaucoup plus claire du sens qu’elle veut donner à sa vie et, surtout, de qui elle est, profondément, et de ce qu’elle a à offrir à soi et aux autres.
 
La force de cette émotion ne vient cependant pas uniquement du résultat qui, élément extrêmement important, ne m’appartient pas : il est le fruit du travail de la personne accompagnée et, dans une optique humaniste, il revient également à la vie.

La joie émane donc aussi – et surtout ! – du processus, de la persévérance et de l’effort soutenu et permanent de l’accompagné qui, pour le dire avec les mots de Henri Bergson, « a tiré de soi plus qu’il n’y avait, (…) s’est haussé au-dessus de soi-même » (cité par F. Lenoir, p. 80). Une joie partagée que le « couple » coaché-coach vit d’âme à âme, de cœur à cœur et, parfois, de corps à corps : je ne compte plus le nombre de fois que, avec l’accord de ma/mon client-e-, nous nous sommes mutuellement pris dans les bras à l’occasion d’un cap passé ou d’un obstacle surmonté.
 
Et il n’est pas rare que les larmes montent dans ces moments-là. À ce sujet, Frédéric Lenoir se demande  pourquoi il nous arrive de pleurer lorsque nous sommes dans la joie et arrive à la conclusion que, dans certaines situations, « la joie vient d’une épreuve surmontée » et, donc, « au milieu même de notre joie, nos larmes expriment la douleur qu’il a fallu traverser pour remporter cette victoire (…) Elles constituent l’ultime trace d’une tristesse surmontée » (p. 185). En faisant référence aux parcours de vie des personnes accompagnées ainsi que de mon propre chemin de vie, notamment de ces huit dernières années, je ne peux que partager l’analyse du philosophe français.
 
Une autre source de joie, forte et profonde, est liée au fait que, en tant que coach, je ne m’autorise pas à avoir d’attentes envers la personne accompagnée : mon rôle consiste à l’aider à s’aider elle-même, à lui permettre d’atteindre les objectifs qu’elle s’est fixée. Il ne s’agit donc en aucun cas d’imposer des choix personnels qui sont certes pertinents pour moi mais pas forcément pour l’autre. Ou, pire encore, d’utiliser ma cliente ou mon client pour couvrir les besoins de reconnaissance, de contrôle et de résultats si chers à mon ego. Au-delà du salaire que je touche à la fin de chaque séance (et vis-à-vis duquel je ressens à chaque fois un mélange de satisfaction et de gêne), c’est cette gratuité – aux antipodes d’une recherche de bénéfice utilitariste et matérialiste ­– qui me réjouit.
 
Ma joie résulte également d’une profonde gratitude. Vis-à-vis de la vie qui me fait confiance alors que j’ai, par moments, perdu confiance en elle ; vis-à-vis de mes client-e-s, passé-e-s, actuel-le-s et à venir, pour leur confiance, pour leur authenticité, pour leurs larmes, leur peines, leurs joies et leurs rires, pour leur humanité et leur courage. Et, finalement, vis-à-vis de toutes les personnes qui m’ont aidé et qui m’aident encore dans ce projet de vie :

mes proches, tout particulièrement Christine, ma femme,  ainsi que Félix et Audrey, mes enfants, pour leur soutien inconditionnel ; mes ami-e-s (dont certain-e-s portent parfois la casquette de « collègues ») qui se reconnaîtront et qui représentent autant de coachs, d’ « amis critiques » qui m’accompagnent tant du point de vue personnel que professionnel sur mon chemin de vie.
 
En guise de conclusion, j’ai envie de dire que ce qui me rend fondamentalement joyeux, que cela soit par rapport au projet lié à mon entreprise ou aux accompagnements individuels, c’est d’avoir le sentiment profond de servir la vie et d’être là où la vie veut que je sois aujourd'hui pour qu’elle puisse, à travers ma présence et mon être, souffler la joie et la force de création dans la vie des autres. Un coach n’est finalement « que » un humble passeur qui permet aux personnes qu’il accompagne de se relier à elles-mêmes, aux autres et à la vie dans un travail de création permanent. Tout simplement.
 
À ceux qui lisent ce billet, un merci du fond du cœur pour votre intérêt : j’espère que mes propos participent à votre joie créatrice de vivre et je vous souhaite, si ce n’est pas déjà le cas, de trouver la place que la vie vous destine pour la servir au mieux et au plus près de vos valeurs, de vos aspirations et de vos compétences. 

 
 
 
 
 

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