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Le coach et l’âme : un paradoxe ?
Posted on 14 November, 2015 at 17:03 |
À l’issue d’une récente inter vision entre
coachs dans le cadre de Co-Action (plus sur : http://www.coaching-services.ch/groupe-intervision-co-action), les larmes sont montées, du plus profond
de mon être. Depuis plus de 7 ans que mon corps me signale
la présence de mon âme de cette manière, je pense avoir appris à
accueillir et à métaboliser ce signe de guérison. Sur le moment, la seule chose
que mon esprit ait été capable d’exprimer, c’était que les questions et les
retours – fort pertinents et sagaces à l’avenant – de mes pairs avaient touché
quelque chose d’ontologique chez moi. Je ressens le besoin d’y revenir aujourd’hui
pour mieux comprendre ce qui s’est passé et, plus encore, déterminer ce que je
peux ou veux en faire. Pour cela, je dois faire appel à un
« mot-concept » qui m’est cher et pour lequel une clarification me
semble nécessaire : l’âme. Il serait illusoire de tenter ici une synthèse
intelligente de la vaste littérature qui s’est penchée sur ce terme. Je vais
donc, de manière arbitraire j’en conviens, me limiter à quelques sources qui font
écho à mes représentations, à ma sensibilité et à mon vécu. Liée à la fois à la réalité corporelle et
spirituelle de chaque individu, l’âme revêt un caractère
paradoxal : elle joue un rôle fondamental de médiatrice entre, d’un côté,
le monde corporel, matériel, physique et sensoriel (« Le corps est le gant
de l’âme » propose Annelie Keil) ET,
de l’autre, une dimension qui nous dépasse, transcendée, immatérielle,
symbolique et imaginaire. Interrogée
sur les étapes de la vie humaine par Psychologies Magazine (http://www.psychologies.com/Bien-etre/Prevention/Hygiene-de-vie/Interviews/Vieillir-c-est-aller-vers-soi),
Viviane Thibaudier, thérapeute jungienne française, soutient que chaque individu est « tiraillé entre
des opposés (…) : les limites de notre personnalité ordinaire – le moi – et la
conscience que ce que nous sommes profondément est bien plus vaste – le soi ».
L’âme humaine représente donc ce point de rencontre, ce lieu où s’articulent la
réalité concrète observable et la réalité invisible ; une entité à la fois
biologique et spirituelle. À la
lumière de ce qui précède, je m’avance à interpréter ce qui s’est passé à l’issue
de l’analyse de la situation-problème exposée par mes soins à mes
collègues : un double mouvement, une sorte d’aller-retour pendulaire entre
deux parties qui constituent mon identité interne et professionnelle. D’une
part, mon ego – tout puissant, orgueilleux et contrôlant – a vu d’un très
mauvais œil le fait que quelqu’un d’autre que lui ait vu de manière si juste et
apparemment si visible ce qui lui avait échappé : que ce qui se jouait au
niveau tant du processus que des contenus de l’accompagnement en question était
en fait un miroir de ses propres hésitations et doutes. Une réaction qui n’a
fait que raviver une blessure narcissique certes cicatrisée mais toujours
présente. De
l’autre, mon âme m’a signalé que « quelque chose » de très profond n’était
pas suffisamment reconnu par moi-même et que je n’avais nul besoin de chercher
une quelconque légitimité auprès d’autres personnes ou de prouver mes capacités :
mes compétences ainsi que mon expérience de vie, notamment en lien avec mon
odyssée intérieure de ces dernières années, devraient me donner l’autorisation et
l’autorité de cheminer en confiance et d’oser être qui je suis en tant que
coach, même si ce n’est pas toujours « orthodoxe » : le coaching
n’est-il en effet pas un art et non une science exacte ? Si je pars du principe que l’on
ne peut accompagner une personne que jusqu’au point où on est allé soi-même, je
réalise que j’ai repoussé mes limites aussi loin qu’il m’a été possible de le
faire, probablement aussi loin qu’un individu puisse aller sans sombrer. Ce
constat ne me donne certainement pas la permission de mettre la personne que
j’accompagne en danger en voulant lui faire prendre le même chemin que moi ou à
l’encourager à s’enfoncer dans la dépression pour lui permettre un hypothétique
bénéfice dans sa vie professionnelle et personnelle. Cela serait non
seulement contraire à ma déontologie mais représenterait également un risque
pour la personne accompagnée ainsi que pour ma propre personne, tant au niveau
professionnel que personnel. De plus, même si mon identité
professionnelle me définit comme un coach accompagnant des individus par rapport
à des situations problématiques au travail, je peux également accepter en toute
confiance que mon action a des vertus thérapeutiques sur la personne
concernée : le coaching fait partie des techniques de ce que l’on appelle
les « thérapies brèves » qui ont pour but non pas de s’arrêter sur le
« pourquoi » (en cherchant par exemple les origines ou les causes des
névroses ou psychoses dans le parcours de vie des patients) mais sur le
« pour quoi » et le « comment » nos clients peuvent
améliorer leur qualité de vie au travail et, par voie de conséquence, dans les
autres domaines de vie. Ce constat ne me donne certes
pas l’autorisation de « jouer au thérapeute » en accompagnant des
personnes dont l’état psychique ne relève pas des compétences d’un coach mais
bel et bien de celles d’un psychiatre ou d’un psychothérapeute. Il me conforte
cependant dans le fait que je peux me donner la permission d’employer des
outils thérapeutiques, tout en acceptant les limites de leur utilisation. Pour conclure et dans le but
d’exemplifier certains de ces instruments, j’aimerais redonner la parole à
Diane Cousineau Brutsche. Dans les
dernières pages de son ouvrage, elle partage en effet quelques expériences de
sa pratique tout en évoquant des « gestes professionnels » de
thérapeute dont j’ai envie de m’inspirer pour ma pratique de coach sensible à
la présence de l’âme, que cela soit la mienne ou celle de l’autre : « Si (l’accompagnement) est un lieu
d'évocation de l'Âme, (il) ne peut l'être que par une relation d'Âme à Âme.
Mais il faut pour cela aller à sa rencontre là où elle se trouve, dans le
vide ; et on ne peut pas aller à la rencontre du vide de l'autre qu'à
partir de son propre vide » (p. 156) : c’est probablement pour
cette raison que le silence est un des outils les plus puissants de tout accompagnement,
mais aussi un des plus exigeants. La tentation est en effet grande pour le coach
de remplir le vide par un éclairage théorique et/ou une analyse de la situation,
prenant ainsi la casquette d’expert plus que de coach : un piège dans
lequel je confesse de tomber trop souvent, histoire de me rassurer et de
rassurer la personne accompagnée. L’humilité du coach
semble donc un des ses principaux atouts, au risque sinon d’être vu comme un
expert tout puissant, ayant réponse à toutes les interrogations de son client
et le dépossédant ainsi de son autonomie et de l’expertise de sa propre vie et
de son cheminement. Et c’est certainement
là pour moi un des plus beaux et profonds apprentissages de cette expérience
dans le cadre de l’inter vision citée en début d’article : la mesure de tout
ce qui me reste à découvrir et le chemin que je dois encore parcourir pour que
je puisse continuer à nourrir et à réjouir mon âme et celle de la personne que j'accompagne, principal facteur de
réunification et de pacification entre nos contradictions et nos tensions
internes. À vous toutes et tous, je
souhaite une très belle suite de chemin, à la rencontre de votre âme et, donc,
de vos paradoxes qui font de vous une personne vivante et vibrante, car à la
fois unique et reliée à une dimension qui la transcende. |
Categories: Fondements du coaching
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