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Le coaching : une mesure au service du développement durable ?
Posted on 3 February, 2020 at 4:26 |
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Il faudrait être sourd et aveugle, un ermite coupé du monde
ou un climato-sceptique convaincu pour ne pas être au courant de LA thématique
qui fait la une de l’actualité. Les mots-clés
« développement durable », « biodiversité »,
« réchauffement climatique » ainsi que les noms de Greta Thunberg,
d’Extinction Rebellion ou des divers lieux liés aux manifestations pour le
climat font partie désormais de nos discussions et de nos préoccupations. En ce qui me concerne, j’ai pris le parti, tel le colibri de
la fable amérindienne du même nom, de faire ma part plutôt que succomber au
défaitisme et au sentiment d’impuissance devant l’ampleur de la tâche ainsi que
devant l’immobilisme des politiques. Il y a d’abord les gestes
écologiques : ampoules LED ; utilisation d’énergies autres que
fossiles ; diminuer la consommation de protéines animales ; acheter local,
en vrac et bio ; se déplacer en transports publics plutôt qu’en voiture ou
en avion. Mais cela suffit-il ? La sauvegarde de nos écosystèmes peut-elle
se limiter à des changements de comportements « de surface » ou
nécessite-t-elle une réflexion en profondeur de ce qui se cache derrière nos
attitudes ? Dans leur ouvrage prônant l’écologie intérieure[1],
Marie Romanens et Patrick Guérin parlent de la nécessité de réintroduire de la « reliance »
et de rétablir un lien plus équilibré entre ce que ce nous sommes et ce dont
nous faisons partie. Autrement dit : pour mieux vivre avec le monde qui
nous entoure, il nous faut (ré)apprendre à prendre soin du lien avec nous-même.
À quoi cela nous sert-il d’appliquer une liste de nouveaux comportements
éco-responsables si nous ne nous penchons pas sur ce qui fait que nous
consommons autant voir (beaucoup) trop ? L’acte de recycler ce qui finit
dans nos diverses poubelles peut-il se passer d’une réflexion autour du tri de
nos « déchets intérieurs », de nos « faux besoins »,
souvent imposés par la société et/ou par nos « pensouillures »[2]
mentales. Comme le soutiennent les deux auteurs, nous nous coupons
souvent de nos vrais besoins, de ce qui est essentiel pour nous car « à une époque où le rationnel et l'objectivité prévalent, où l'accent est
mis sur les performances et la réussite, il n'est guère facile de laisser
apparaître sa sensibilité, son émotivité, ses facultés intuitives, la douceur
de son coeur et son imaginaire poétique. Tout ce versant de l'être doit rester
indécelable, sous le contrôle de la volonté » (p. 144) et, ajouterais-je,
anesthésié par des comportements éco-irresponsables dont l’objectif est de nous
soustraire à notre vulnérabilité[3]. Dans ce sens, le coaching, du moins tel que je le comprends et le pratique, n’est pas juste un effet
de mode qui « épouse » l’actualité mais bel et bien une mesure de
développement durable. En effet, si l’on en croit Regula Kyburz-Graber, Ueli Nagel et François Gingins[4],
il est nécessaire, pour permettre à chacun-e de se développer de manière
durable et écologique, d’apprendre à agir malgré les incertitudes, à affronter
les contradictions (en commençant par celles intérieures) de manière
constructive, à réfléchir à ses valeurs, à développer de nouveaux regards ainsi
qu’une compréhension systémique, sur soi-même et sur nos contextes
professionnels et personnels. Un programme, certes exigeant et demandeur de temps, mais de
mon point de vue incontournable si l’on veut parler d’une écologie véritable et
complète. [1] Guérin, P. & Romanens, M. (2010). Pour une
écologie intérieure. Paris : Payot. [2] Marquis,
S. (2016). On est foutu, on pense trop.
Comment se libérer de Pensouillard le Hamster. Paris : Points. [3] Voir
à ce sujet la vidéo-conférence TEDx de Brené Brown « Le pouvoir de la
vulnérabilité » : https://www.ted.com/talks/brene_brown_the_power_of_vulnerability?language=fr
- t-17490 [4] Kyburz-Graber, R., Nagel, U., Gingins, F. (2010). Demain en main. Enseigner le développement
durable. Mont-sur-Lausanne : LEP. Cet article est une version modifiée de celui paru sur le site de Coaching Services en janvier 2020. |
Au sec....ours !
Posted on 3 February, 2020 at 4:07 |
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1 + 1 = 3 ?
Posted on 4 January, 2018 at 8:43 |
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Apparemment, un coaching individuel
se résume à un « one to one », à une rencontre entre deux personnes
dont l’une est demandeuse et l’autre disposée à mettre en œuvre des compétences
permettant à la première d’atteindre ses objectifs. Mais est-ce vraiment si
simple ? Les apparences sont paraît-il souvent trompeuses. Plusieurs
raisons me font dire que, en matière d’accompagnement, 1 + 1 = 3 : une
troisième dimension vient en effet s’inviter et elle joue un rôle primordial
dans le processus.
J’adhère tout d’abord aux propos de
Jacques-Antoine Malarewicz[1]
lorsqu’il avance que le troisième « larron » dans un accompagnement
s’avère être le changement – et, par conséquent, le non-changement. Qu’elle
soit « acheteuse », « touriste » ou « co-pilote »,
la personne accompagnée se comporte et se positionne en fonction d’un contrat,
implicite ou explicite, dont l’objectif est de permettre à la personne d’opérer
des modifications à des niveaux plus ou moins profonds, que cela soit sur son
contexte ou, idéalement, sur elle-même. Les enjeux se situent ainsi à deux
niveaux : la volonté de (non-) changement du coaché et ma volonté de voir
l’autre changer. Si, dans la première dimension, je me demande régulièrement
dans quelle mesure je cautionne ou pas le désir de (non-) changement chez
l’autre, la deuxième dimension requiert encore plus d’honnêteté de ma part :
dans quelle mesure mes attentes vis-à-vis du changement d’autrui ne représentent-elles
pas un frein voire un obstacle au coaching ? En effet, ce n’est pas parce
que « ça » n’avance pas – sous entendu : comme j’aimerais que
« ça » avance – que « ça » n’avance pas… Une dimension éthique et
déontologique qui engage les partenaires du contrat dans leur humanité et leur
intégrité. Dans ce sens, il m’arrive – pas assez souvent à mon goût – de
méta-communiquer avec mon vis-à-vis au sujet de mes observations et de mon
ressenti par rapport à ce que le langage verbal ou non-verbal de la personne
accompagnée génère chez moi.
Quand par exemple, lors de la
deuxième séance, je constate que ma cliente emprunte mon stylo pour effectuer
une activité écrite car elle a, comme lors de notre première rencontre, oublié de
prendre le sien, je lui fais part de mon constat ainsi que de ma surprise et
lui demande : « qu’est-ce qui fait que vous écrivez votre nouvelle vie avec mon stylo ? ». Dans ce cas, la
réflexion autour de cette question a été porteuse de fruits : lors de la
rencontre suivante, la personne accompagnée a fait preuve d’une plus grande
autonomie, tant au niveau de l’accompagnement que dans son contexte de vie. Un
« garde-fou » indispensable pour ma très humaine tendance à la
Toute-Puissance et un gage d’humilité pour le duo, confronté ainsi à ses
responsabilités et à ses limites. Et si, au lieu de préparer deux
verres d’eau en début de mon prochain entretien, j’en prévoyais un de plus ?
Allez ! À trois, je me lance… [1] Malarewicz, J.-A. (2011, 3 édition). Réussir son coaching. Une approche systémique. Orléans : Pearson Education France. [2] Le Bouëdec, G. (2001). Une posture éducative fondée sur
une éthique. Cahiers pédagogiques, n°
393, avril 2001, pp. 18-20. [3] Basset,
L. (2013). S’initier à l’accompagnement
spirituel. Treize expériences en milieu professionnel. Genève : Labor
et Fides. Cet article est une version illustrée du billet du mois de septembre de Coaching-Services (http://www.coachingservices.ch/newsletter/1-1-3). La première et la dernière photographie sont celles d'une création de Andreas Lewandowski
intitulée"1+1=3 (A Meeting Between Two Creates Something New)" disponibles sur son site (http://www.andreaslewandowski.se/1-1-3) |
Le coach voyageur
Posted on 5 September, 2016 at 11:00 |
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La pause
estivale touche à sa fin, les derniers aoûtiens sont de retour de vacances,
après avoir éventuellement bravé le bouchon du Gothard et défait leurs valises.
C’est aussi le moment de revoir des voisins, des collègues de travail et des
amis pour leur parler d’une des activités principales en lien à la parenthèse
de l’été : notre (ou nos) voyage(s).
Je dois
vous avouer humblement que je redoute cet exercice : que cela soit la
Floride, Zermatt ou l’Andalousie, les récits de mes interlocuteurs (et les miens
aussi, d’ailleurs) me mettent souvent mal à l’aise, car ils se limitent la
plupart du temps à une énumération de faits, d’anecdotes et, parfois,
d’exploits dignes d’un bon polar, d’un film de James Bond quand ce n’est
pas d’un des épisodes des Bronzés. Ces
partages me laissent souvent sur ma faim : je constate en effet que,
au-delà de l’échange d’informations, la véritable communication, c’est-à-dire
celle qui consiste à livrer ses ressentis et ses émotions, a rarement lieu et
mon interlocuteur et moi-même ne faisons que de nous croiser sans véritablement
nous rencontrer, l’objectif principal de la discussion étant de montrer à
l’autre (et probablement aussi à soi-même) que notre voyage a été une réussite
et/ou que nous avons « fait quelque chose » de nos vacances. Et
pourtant, ce n’est pas faute d’essayer de glaner ici et là quelques signes de
vécu et d’authenticité. Comme Proust, cité par Laurent Gounelle ,
j’essaye de me dire que "le seul véritable voyage, le seul bain de
Jouvence, ce ne serait pas d'aller voir de nouveaux paysages, mais d'avoir
d'autres yeux, de voir l'univers avec les yeux d'un autre, de cent autres, de
voir les cent univers que chacun d'eux voit, que chacun d'eux est". Je cherche donc à me mettre dans la peau, dans le
cœur, dans la tête, d’ « embrasser
l’univers » de l’autre en l’écoutant et lui posant des questions pour
en savoir plus, parfois avec succès, souvent en restant cependant dans le
registre du « faire » et non de l’ « être ». Comme souvent, « je
suis sûr des mes doutes et je doute de mes certitudes » (Bertrand
Piccard ). J’ai
cependant l’intime conviction que, à l’instar d’un personnage d’une des
intrigues « philosophico-psychologiques » d’Irvin Yalom, j'apprends
à lire dans mes pensées pour que, fort de cette expérience, je puisse aider les
autres à le faire dans les leurs. Le but n’est donc pas tellement de savoir si
je peux ou si je dois voyager dans l’univers de mon interlocuteur, mais plutôt
de me donner les moyens de voyager dans mon propre monde afin de pouvoir aider
mon vis-à-vis à réaliser son propre périple, son propre voyage intérieur. Que je sois « le voisin qui raconte ses
vacances » ou celui qui endosse l’habit de coach, la profondeur du voyage
ne m’appartient pas : cette responsabilité revient à mon vis-à-vis. Ma
tâche principale consiste donc probablement à être un voyageur intérieur prêt à
accompagner la personne aussi loin qu’elle est d’accord d’aller, la véritable
destination résidant dans le voyage en lui-même. Sans oublier que, comme le
relève Gandhi, « le plus grand voyageur n'est pas celui
qui a fait dix fois le tour du monde, mais celui qui a fait une seule fois le
tour de lui-même. » Olivier Mack, formateur et coach indépendant (www.mackoaching.net) (Cet article est une reprise illustrée du "Billet du coach" de septembre 2016, publié sur le site de Coaching-Services)
Gounelle, L. (2010). Les dieux voyagent toujours incognito.
Paris: Anne Carrière/Pocket.
Servan-Schreiber, J.-L. (2015). C'est la vie.
Essais. Paris: Albin Michel.
Piccard, B. (2014). Changer d'altitude pour mieux
vivre sa vie. Quelques solutions pour mieux vivre sa vie. . Paris: Stock
Yalom, I. (2012). Le problème Spinoza. Paris:
Editions Galaade, Le Livre de Poche.
Vergely. B. (2014). Deviens qui tu es. Quand les
sages grecs nous aident à vivre. Paris : Albin Michel.
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Le coach et l’âme : un paradoxe ?
Posted on 14 November, 2015 at 17:03 |
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À l’issue d’une récente inter vision entre
coachs dans le cadre de Co-Action (plus sur : http://www.coaching-services.ch/groupe-intervision-co-action), les larmes sont montées, du plus profond
de mon être. Depuis plus de 7 ans que mon corps me signale
la présence de mon âme de cette manière, je pense avoir appris à
accueillir et à métaboliser ce signe de guérison. Sur le moment, la seule chose
que mon esprit ait été capable d’exprimer, c’était que les questions et les
retours – fort pertinents et sagaces à l’avenant – de mes pairs avaient touché
quelque chose d’ontologique chez moi. Je ressens le besoin d’y revenir aujourd’hui
pour mieux comprendre ce qui s’est passé et, plus encore, déterminer ce que je
peux ou veux en faire. Pour cela, je dois faire appel à un
« mot-concept » qui m’est cher et pour lequel une clarification me
semble nécessaire : l’âme. Il serait illusoire de tenter ici une synthèse
intelligente de la vaste littérature qui s’est penchée sur ce terme. Je vais
donc, de manière arbitraire j’en conviens, me limiter à quelques sources qui font
écho à mes représentations, à ma sensibilité et à mon vécu. Liée à la fois à la réalité corporelle et
spirituelle de chaque individu, l’âme revêt un caractère
paradoxal : elle joue un rôle fondamental de médiatrice entre, d’un côté,
le monde corporel, matériel, physique et sensoriel (« Le corps est le gant
de l’âme » propose Annelie Keil) ET,
de l’autre, une dimension qui nous dépasse, transcendée, immatérielle,
symbolique et imaginaire. Interrogée
sur les étapes de la vie humaine par Psychologies Magazine (http://www.psychologies.com/Bien-etre/Prevention/Hygiene-de-vie/Interviews/Vieillir-c-est-aller-vers-soi),
Viviane Thibaudier, thérapeute jungienne française, soutient que chaque individu est « tiraillé entre
des opposés (…) : les limites de notre personnalité ordinaire – le moi – et la
conscience que ce que nous sommes profondément est bien plus vaste – le soi ».
L’âme humaine représente donc ce point de rencontre, ce lieu où s’articulent la
réalité concrète observable et la réalité invisible ; une entité à la fois
biologique et spirituelle. À la
lumière de ce qui précède, je m’avance à interpréter ce qui s’est passé à l’issue
de l’analyse de la situation-problème exposée par mes soins à mes
collègues : un double mouvement, une sorte d’aller-retour pendulaire entre
deux parties qui constituent mon identité interne et professionnelle. D’une
part, mon ego – tout puissant, orgueilleux et contrôlant – a vu d’un très
mauvais œil le fait que quelqu’un d’autre que lui ait vu de manière si juste et
apparemment si visible ce qui lui avait échappé : que ce qui se jouait au
niveau tant du processus que des contenus de l’accompagnement en question était
en fait un miroir de ses propres hésitations et doutes. Une réaction qui n’a
fait que raviver une blessure narcissique certes cicatrisée mais toujours
présente. De
l’autre, mon âme m’a signalé que « quelque chose » de très profond n’était
pas suffisamment reconnu par moi-même et que je n’avais nul besoin de chercher
une quelconque légitimité auprès d’autres personnes ou de prouver mes capacités :
mes compétences ainsi que mon expérience de vie, notamment en lien avec mon
odyssée intérieure de ces dernières années, devraient me donner l’autorisation et
l’autorité de cheminer en confiance et d’oser être qui je suis en tant que
coach, même si ce n’est pas toujours « orthodoxe » : le coaching
n’est-il en effet pas un art et non une science exacte ? Si je pars du principe que l’on
ne peut accompagner une personne que jusqu’au point où on est allé soi-même, je
réalise que j’ai repoussé mes limites aussi loin qu’il m’a été possible de le
faire, probablement aussi loin qu’un individu puisse aller sans sombrer. Ce
constat ne me donne certainement pas la permission de mettre la personne que
j’accompagne en danger en voulant lui faire prendre le même chemin que moi ou à
l’encourager à s’enfoncer dans la dépression pour lui permettre un hypothétique
bénéfice dans sa vie professionnelle et personnelle. Cela serait non
seulement contraire à ma déontologie mais représenterait également un risque
pour la personne accompagnée ainsi que pour ma propre personne, tant au niveau
professionnel que personnel. De plus, même si mon identité
professionnelle me définit comme un coach accompagnant des individus par rapport
à des situations problématiques au travail, je peux également accepter en toute
confiance que mon action a des vertus thérapeutiques sur la personne
concernée : le coaching fait partie des techniques de ce que l’on appelle
les « thérapies brèves » qui ont pour but non pas de s’arrêter sur le
« pourquoi » (en cherchant par exemple les origines ou les causes des
névroses ou psychoses dans le parcours de vie des patients) mais sur le
« pour quoi » et le « comment » nos clients peuvent
améliorer leur qualité de vie au travail et, par voie de conséquence, dans les
autres domaines de vie. Ce constat ne me donne certes
pas l’autorisation de « jouer au thérapeute » en accompagnant des
personnes dont l’état psychique ne relève pas des compétences d’un coach mais
bel et bien de celles d’un psychiatre ou d’un psychothérapeute. Il me conforte
cependant dans le fait que je peux me donner la permission d’employer des
outils thérapeutiques, tout en acceptant les limites de leur utilisation. Pour conclure et dans le but
d’exemplifier certains de ces instruments, j’aimerais redonner la parole à
Diane Cousineau Brutsche. Dans les
dernières pages de son ouvrage, elle partage en effet quelques expériences de
sa pratique tout en évoquant des « gestes professionnels » de
thérapeute dont j’ai envie de m’inspirer pour ma pratique de coach sensible à
la présence de l’âme, que cela soit la mienne ou celle de l’autre : « Si (l’accompagnement) est un lieu
d'évocation de l'Âme, (il) ne peut l'être que par une relation d'Âme à Âme.
Mais il faut pour cela aller à sa rencontre là où elle se trouve, dans le
vide ; et on ne peut pas aller à la rencontre du vide de l'autre qu'à
partir de son propre vide » (p. 156) : c’est probablement pour
cette raison que le silence est un des outils les plus puissants de tout accompagnement,
mais aussi un des plus exigeants. La tentation est en effet grande pour le coach
de remplir le vide par un éclairage théorique et/ou une analyse de la situation,
prenant ainsi la casquette d’expert plus que de coach : un piège dans
lequel je confesse de tomber trop souvent, histoire de me rassurer et de
rassurer la personne accompagnée. L’humilité du coach
semble donc un des ses principaux atouts, au risque sinon d’être vu comme un
expert tout puissant, ayant réponse à toutes les interrogations de son client
et le dépossédant ainsi de son autonomie et de l’expertise de sa propre vie et
de son cheminement. Et c’est certainement
là pour moi un des plus beaux et profonds apprentissages de cette expérience
dans le cadre de l’inter vision citée en début d’article : la mesure de tout
ce qui me reste à découvrir et le chemin que je dois encore parcourir pour que
je puisse continuer à nourrir et à réjouir mon âme et celle de la personne que j'accompagne, principal facteur de
réunification et de pacification entre nos contradictions et nos tensions
internes. À vous toutes et tous, je
souhaite une très belle suite de chemin, à la rencontre de votre âme et, donc,
de vos paradoxes qui font de vous une personne vivante et vibrante, car à la
fois unique et reliée à une dimension qui la transcende. |
Le coach, un marchand de bonheur ?
Posted on 9 October, 2015 at 15:31 |
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Une recherche menée en 2007 par deux
disciples de Martin Seligman, père de la psychologie positive, a conclu que
l’aspiration prioritaire des dix mille personnes interrogées dans quarante huit
pays consiste avant tout à être heureux, loin devant la quête du sens de sa
vie, l’existence du paradis ou l’obtention de la richesse. J’ignore si mes client-e-s font
partie de l’échantillon consulté, mais j’émets l’hypothèse que, si je leur
posais la question, la réponse irait dans la même direction. Ce qui n’est guère
surprenant : si les personnes que j’accompagne ont recours à mes services,
c’est prioritairement pour mieux vivre une situation professionnelle qui, doux
euphémisme, ne contribue en tout cas pas à leur bonheur, quand elle n’est pas
carrément source de stress voire de souffrance. En réponse à ce constat, d’autres
études en lien à la psychologie positive aboutissent à une liste de conseils
qui se basent sur ce que font les gens qui sont heureux comme, par exemple,
s’entourer de gens heureux, agir pour être heureux, faire don de soi ou être
optimiste. Mon intuition et ma déontologie me disent que non, mais cela ne suffit pas à me
rendre heureux. Je décide donc de trouver ma félicité ailleurs. Dans son ouvrage Du bonheur. Un voyage philosophique (Fayard,
2013), le philosophe des religions Frédéric Lenoir nous invite à découvrir ce
que ce concept signifie aux yeux des différents sages dans l’Histoire, des
anciens Grecs aux penseurs contemporains. En simplifiant beaucoup, toutes les
écoles se rejoignent sur deux points : il n’y a pas de bonheur sans désir et
on ne peut être heureux sans une nécessaire négociation entre nos désirs et
notre raison, en fonction surtout de notre réalité contextuelle. Si je fais le lien avec les
accompagnements menés par mes soins jusqu’à ce jour, je constate que, au
démarrage du moins, il y a effectivement un désir et il est dans la plupart des
cas de changer le contexte ou,
parfois, de contexte. C’est une
attitude compréhensible et à prendre en compte, surtout lorsqu’il s’agit de situations
qui sont sources de souffrances. Or, toujours selon l’auteur
français, toutes les études sociologiques sur le bonheur de ces trente
dernières années tendent à montrer que seuls 10% des aptitudes au bonheur
relève des circonstances extérieures, alors que 50% dépendent de la sensibilité
de l’individu et 40% de sa capacité à fournir des efforts personnels. En – très
– gros : j’ai plus de chance d’être heureux si je mets mon énergie à
travailler sur ma relation à moi-même et à la situation professionnelle
problématique que si je m’efforce à vouloir changer le fonctionnement de mon
entreprise ou de mon patron – même si la responsabilité de ces derniers est
engagée et n’est donc pas à minimiser. Il s’agit par conséquent, pour le
coach, d’aider la personne accompagnée à glisser progressivement d’une logique
d’adaptation du contexte à ses désirs à celle d’une réflexion sur ce qui se
cache derrière ces mêmes désirs – notamment ceux qui débouchent sur des
objectifs trop élevés et des attentes irréalistes ou ceux qui sont restés
lettre morte – et qui participe au
malheur et au bonheur au travail. Et ce chemin-là ne se
laisse ni vendre « en kit » ni définir à l’avance : il est à
construire. Il s’agit là d’un acte éminemment créateur et créatif qui part de
l’intérieur de la personne elle-même et qui s’oppose à toute tyrannie, y
compris celle, très actuelle, du bonheur : ce dernier ne se trouve-t-il d’ailleurs
pas plus dans les détours du voyage qu’arrivé à destination ? Tiré
de Psychologies
Magazine, juin 2015, pages 72 à 75. Cet article est une reprise légèrement augmentée d'un texte paru à l'origine sous la forme du "Billet du coach" sur le site de Coaching-Services (http://www.coaching-services.ch/newsletter/le-coach-un-marchand-de-bonheur) |
Accompagner : une affaire de sens ?
Posted on 15 November, 2014 at 12:31 |
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Il est donc souvent question de
sens. Dans sa dimension horizontale
et temporelle d’abord : il y a un « avant », si possible à
dépasser, un « présent » que vit la personne et un
« après » qui devrait idéalement correspondre à une amélioration.
Dans cette acception, le mot « sens » signifie « direction » : l’accompagné désire avancer sur son
chemin de vie professionnelle et accepte de mettre en place des changements
soit au niveau du contexte déclencheur de la problématique soit au niveau de
ses comportements et de ses attitudes. Dans sa deuxième acception, trouver
du « sens » passe également par une dimension verticale. Il
s’agit d’abord de changer d’ « altitude » pour prendre de la hauteur,
du recul, pour observer, comprendre, accueillir la situation. Cette élévation
permet en même temps – apparent paradoxe – à l’accompagné de mieux descendre en
soi, de sonder ses profondeurs, ses émotions, ses besoins, ses rêves et, plus difficiles à
admettre, ses propres freins, ses propres « diablotins ». Dans cette posture à la fois extérieure
et intérieure, l’esprit analyse, nomme, décortique, sépare, trie, hiérarchise :
l’accompagnement est alors un processus cognitif qui passe par l’expression,
l’extériorisation d’éléments souvent non explicités, donnant ainsi un sens, une
signification à ce qui émerge,
parfois à la surprise de l’accompagné. Mais l’esprit seul ne suffit pas. Au
raisonnement, il est nécessaire d’associer les résonnances : si l’esprit raisonne, l’âme résonne et cela au niveau de notre corps, véritable instrument de
musique dont les vibrations, l’énergie et les notes donnent des informations
significatives, donneuses de sens, au binôme accompagné-accompagnant. Le mot « sens » gagne
donc, grâce au corps, une dimension de « joui-sens »
(selon les termes de François Cheng dans son très bel ouvrage, Cinq méditations sur la mort autrement dit
sur la vie) : vivre une vie professionnelle équilibrée passe également
par la capacité d’être présent à soi-même, d’être à l’écoute de son corps, siège
des émotions et véritable gant de l’âme. Une attention tout particulière est donc
consacrée à nos « sens-ations »,
agréables et fluides quand nous habitons et investissons pleinement notre activité
et que cette dernière a du sens pour nous. Ou alors, dans le cas contraire, des
« sens-ations » désagréables,
parfois douloureuses, s’imposent à nous, laissant notre enveloppe charnelle
parler pour nous à travers un certain nombre de tensions et de blocages
significatifs. C’est donc en faisant appel à
l’esprit, à l’âme et au corps que l’accompagné peut donner à la fois une signification et une direction à son chemin de vie. Ou,
autrement dit, c’est probablement en cheminant vers soi-même que l’on peut
dessiner avec plus de netteté les contours du chemin à venir. La tâche de
l’accompagnant consiste alors non pas à guider la personne sur une voie toute
tracée, mais à lui permettre de découvrir par elle-même le sens de ce qu’elle
est en train de vivre et de ce qu’elle veut encore découvrir. Car, pour
reprendre François Cheng, « de fait nous n’obtiendrons pas la
Vérité, qui ne peut se posséder, mais ce qui nous importe avant tout, c’est
d’être vrais : lorsqu’on est vrai, au moins a-t-on une chance non pas
d’avoir la Vérité, mais d’être dans la Vérité ». Bonne
suite de chemin, intérieur et extérieur, à toutes et à tous ! Cet article est une version améliorée de l'édito du mois de septembre 2014 publié sur le site de Coaching-Services |
L'accompagnement : un luxe inutile ?
Posted on 6 May, 2014 at 9:15 |
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Eaude
Posted on 13 December, 2012 at 9:55 |
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Lors du choix du graphisme du site, plusieurs options se sont présentées à moi. Dont celle que j'ai retenue : l'eau sous forme d'une vague, déferlant lentement ou vite, selon la lecture de chacun. Le choix été évident, clair...comme de l'eau de roche. Mon intuition, cette "intelligence prise de vitesse" (M. Thiébaut) a parlé et j'acceptais de l'écouter. Quelques jours après ce premier élan, une petite voix - celle de la raison ? - s'est fait entendre et me taraudait avec la lancinante interrogation : "mais pourquoi l'eau ?" Après un harcèlement quotidien, j'ai finalement cédé et me suis penché sur la question. Dans un premier temps, le lien me semblait aussi évident que l'élan premier : mes vies professionnelles précédentes étaient placées sous le signe de l'eau. Si, pour la natation, la relation saute aux yeux, le parallélisme entre l'élément aquatique et l'enseignement des langues et celui de l'allemand en particulier est plus ardu. C'est le mot "immersion" qui m'est d'abord venu à l'esprit : un lieu commun partagé par Monsieur et Madame Tout le monde qui veut qu'une langue s'apprend le mieux dans un "bain linguistique". C'est cette représentation première qui m'a poussé, il y a près de 20 ans, à être le pionnier dans le canton de Vaud des animations d'allemand dans les "petites" classes de l'école enfantine et des degrés primaires du canton de Vaud. Deux décennies et de nombreuses lectures plus tard, ma représentation a évolué : il y a bien des manières d'apprendre une langue et toutes, y compris l'immersion, ont leurs inconvénients et leurs avantages. Le revers de la médaille de la méthode immersive est le risque d'une noyade : certains linguistes parlent d'ailleurs de SOS - Swim...Or Sink ! "Quel lien avec le coaching ?" me direz-vous, à raison. J'aurais été incapable de vous répondre valablement il y a encore un mois. Jusqu'à ce qui je "tombe" nez-à-nez avec une carte artistique exposée dans un carrousel à l'entrée d'une boutique nyonnaise et sur laquelle figurait cette phrase dont l'auteur se trouve être Antoine de Saint-Exupéry : "Eau, tu n'es pas nécessaire à la vie, tu es la Vie ! Tu es la plus grande richesse qui soit au monde, et tu es aussi la plus délicate". Le verbe éclairait l'intuition : accompagner
Et, comme pour toute première fois, il faut autant de courage pour commencer un accompagnement quand on n'en a jamais vécu que pour....sauter à l'eau : on anticipe déjà ce que cela pourrait être, réveillant des peurs ancestrales et plus récentes, tout en entrevoyant déjà une source de mieux-être. L'être humain aurait en effet tendance à oublier très vite qu'il est né dans les eaux maternelles et que d'être accompagné peut lui permettre de se ressourcer, de revenir à la source donc, voire de renaître et de se sentir à nouveau plus libre. Comme nettoyé des vieilles eaux. |
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